Enseignante aphasique, tu ne connais pas, coarticulation ? C’est justement là, que se trouve comment le cerveau apprend… Ou n’apprend pas ou apprend faussement…
Médecin, plus tard, musicothérapeute, elle me l’apprend. Le cerveau va toujours au plus simple pour aller au plus compliqué ; Seulement, si je n’y pense pas…
Quand elle me dit de répéter musicalement « chut », chut devient « tut » en langage chanté. Mon cerveau a déduit que c’était la même chose au niveau de la prononciation. Mais mon oreille entend que ce n’est pas pareil.
Alors, pourquoi ?
« tut » est un phonème final amplifié au départ. Donc, à l’arrivée, c’est un phonème amplifié, au final et au commencement. Le phonème diminué « chut » n’existe plus. En me concentrant encore plus, je n’y arrive toujours pas.
Le lendemain, après une bonne nuit de sommeil, en me rappelant du phonème « chchchch» qui sourit phonétiquement parlant, je vérifie mon premier carnet de note, écrit il y a déjà quelques années. Contrairement à ce que j’avais écrit le phonème « chchchch » ne sourit pas. C’est incroyable le nombre d’erreurs que je faisais pour une page mal inscrite depuis des années.
Le « chchchchch » n’est pas le « sssssss ». Pour ce dernier, je fais un grand sourire quand je le prononce. Quand je me regarde dans un miroir, la bouche un peu ouverte, la mâchoire fermée, la langue à l’intérieur, il est là le « chchch ». « Sèche » est le mot qui valide les deux.
En me souvenant qu’il faut aimer ce qui passe par notre bouche, notre « chut » est là.
Répéter musicalement à la lettre près ; je le répète encore longuement. Le cerveau décompose ; il a pris son temps pour aller au plus dur…
Ou plutôt vers ce qui me donne du plaisir !
Marie Noëlle Moreau
Présidente APHASI’ARTS POUR TOUS